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24 juillet 2007 2 24 /07 /juillet /2007 10:33

Le 14 juillet, mon frère Jacques-Michel est parti seul en montagne au-dessus d'Arrens-Marsous, une commune nichée dans les Pyrénées près d'Argelès Gazost, à quelques encablures de Lourdes.

Depuis, plus de nouvelles...

Jacques-Mich, très grand sportif, des dizaines de marathons à son palmarès, les 100km de Millau en course à pied, le Kilimandjaro, était arrivé un jour à Aubagne sur un VTT, sac à dos, en provenance de la Rochelle - 850 bornes dans les pattes. Il partait faire le tour de la Corse, rien que cela. Grace et avec lui, j'ai enchainé et vaincu quelques cols mythiques sur les vieux clous qui nous servaient de bécanes dans les années 1970 : Puy Mary, Mont Gerbier de Jonc, Notre Dame de la Salette, et plus connus Alpe d'Huez, Lautaret, Galibier, Télégraphe, Mont Ventoux,  et autres... Nous avions évoqué il y a quelques semaines le projet de gravir le Mont Blanc. Je me souviens du jour où il avait parcouru 300 km à vélo dans la journée, seul, avec comme unique pause d'1/4 heure l'engloutissement d'une litre de lait. Bref, un amoureux des grands espaces, de l'endurance et de la conquête...

Le petit Gabizos

Accourus d'un peu partout en France, nous nous sommes rapidement retrouvés une dizaine de personnes de la famille, représentant 4 générations, à vainement chercher, patrouiller dans les magnifiques paysages visibles du gîte qu'il avait quitté le samedi matin. Conjectures et hypothèses sur ses intentions, sur son parcours, sur les circonstances, sur le travail et les gros moyens mis en oeuvre par les gendarmes, parcours dans la pluie, dans la brume puis au grand soleil, sous-bois, chemins creux, champs inclinés aux herbes hautes, pantalons et chaussures trempées, cîmes et arètes rocheuses, jumelles au loin et loupe sur la carte IGN, chaque jour ressemblait à une énigme à résoudre.

Et chacun ramenait son détail troublant :

  • - "j'écoutais une émission sur les secours aux personnes disparues en montagne quand on m'a téléphoné pour m'annoncer..."
  • - "je viens de terminer la lecture de Premier de Cordée de Frison Roche..."
  • - "le numéro de ma réservation de train SNCF se terminait par les lettres initiales de Jacques-Michel..."
  • - "Argelès Gazost, c'est la destination de notre voyage de noces en 1947..."
  • - "en me promenant en montagne dans les Alpes, une trouée soudaine de nuages a laissé apparaître la ville de Cluses où notre autre frère Olivier est mort en 1971, juste après avoir escaladé l'Aiguille du Midi dans le massif du Mont Blanc..." (lire chez Nicolas)
  • - "tous les frères et soeurs viennent de recevoir simultanément un message que nous avions échangé le 16 mai dernier (!) avec Jacques-Michel..." (cet étrange phénomène s'est produit à l'heure où la première équipée familiale entamait les recherches dans la montagne)
  • - "nous avons croisé par hasard, au détour d'un contrefort, une équipe de la gendarmerie rassemblant les restes d'une personne portée disparue dans le massif depuis mai dernier..."
  • - "j'ai révé d'un enterrement avec toute la famille, le lendemain de la disparition, alors que je n'étais pas au courant..."

Ces détails troublants ne veulent rien dire... Un autre frère, chercheur en informatique, parlait des "vapeurs d'Orange" en commentant l'étrange surgissement d'anciens mails sur nos boites d'arrivée. Nous vivons des temps bien singuliers avec nos opérateurs internet. Einstein a dit un jour : "Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito".

Quant à moi, je ne sais rien. Je suis un observateur du réel qui aime partager ses observations pour parfois réveiller l'attention, sensibiliser les consciences enfouies. Victoria, la dernière petite fille de mon frère Jacques-Michel est née le 30 juin dernier, jour de l'anniversaire de mon père qui aurait eu 82 ans. Pendant que j'écris ces lignes, Sandrine répertorie les habits de bébé pour préparer l'arrivée de ce petit bout qui s'annonce pour la fin de l'année, et qui va relier la famille recomposée pour nous faire passer de 4 à 5 galoupiots.

Les pentes du Gabizos

Lundi matin, nous sommes tous allés faire un dernier saut au col de Soulor, au pied du Pic de Gabizos, que nous suspectons avoir attiré Jaques-Mich, par son irresistible pouvoir de séduction. Un magnifique arc-en-ciel barrait de part en part la montagne, comme un clin d'oeil pour nous dire au revoir...

La vie glisse, la vie reprend...

[ Article dédié à Mamita, Catherine, aux 6 enfants et 6 petits-enfants de Jacques-Michel,
à mon fils Thibault dont c'est l'anniversaire aujourd'hui et qui est son filleul,
aux gendarmes de la brigade d'Aucun ]

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commentaires

E
Bonjour Laurent,<br /> Je tombe par hasard sur votre blog … 16 ans après la disparition de Jacques-Michel. Je tenais tout d’abord à vous dire que vous avez rendu en 2007 un formidable hommage à votre frère. Sa disparition me touche beaucoup car nous étions collègues de travail en Afrique du Sud (période 1994-1998) et Jacques m’a véritablement pris par la main pour mon 1er marathon. Je me souviens encore de ses conseils que j’applique au quotidien : « Eric, tu commence par courir à 5km/h et tu accélère tout doucement ! »<br /> Bref, une chouette époque, une belle équipe. Jacques était un vrai sportif aimant faire partager sa passion pour les grands espaces. Je m’en souviens encore …<br /> Cordialement, Éric.
Répondre
L
Merci Eric pour ce témoignage... oui mon frère Jacques-Michel (nom qu'il avait dans la famille) était un sportif hors pair et un amoureux des grands espaces. J'ai traversé la France d'ouest en est avec lui à vélo, en grimpant la plupart des cols les plus célèbres du Tour de France... un souvenir pour la vie.<br /> Il est parti dans la nature.
L
Laurent, je ne sais si vous suivez encore ce blog. Le hasard a fait (je ne crois pas au hasard, mais plutôt aux signes) que je viens, en triant des papiers ayant appartenu à mes parents, de lire une lettre que votre mère, Claudie, a adressé à ma mère, Hélène Vergne, en 2007. Elle lui parle de la mort d'Olivier, de celle de votre père, Jacques, et de celle de Jacques-Michel. Si je vous écris, c'est parce que nos parents étaient en même temps à la base d'Avord, et nous habitions en face de chez vous. J'ai souvent vu Brigitte et Jacques-Michel, car nous prenions le car pour aller à l'école à Bourges. Thérèse devait avoir 2 ans, et traversait la rue pour venir jouer chez nous avec les plus jeunes. J'aime beaucoup ce que vous écrivez sur ce blog et sur "Je suis manager". <br /> Anne L. V.
Répondre
L
Merci Anne pour ce clin d'oeil. Je suis né également à Bourges, mais nous avons quitté Avord quand j'avais 2 ans. Je n'en ai aucun souvenir.<br /> Merci pour les encouragements. Au plaisir de se rencontrer...

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Depuis 2004, je partage des expériences, anecdotes, outils de management : optimiser son temps, manager son équipe, manager son chef, diriger un projet, travailler en intelligence collective. Je propose une démarche inspirée de la vie professionnelle et de la vie au sens large. J'espère que vous y trouvez de l'inspiration pour devenir le manager que vous rêvez d'avoir. Bonnes lectures...

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