J'étais alors responsable d'un projet qui consistait à faire que le cordonnier soit mieux chaussé. En clair, il s'agissait de transformer les employés Gemplus en premiers usagers des mille et une utilisations intelligentes de la carte à puce dans le monde professionnel. C'était il y a si longtemps... avant le fameux 11 septembre, vous rendez-vous compte !
Ce matin, j'entends ma Sandrine pester contre la multiplication des mots de passe à retenir... ça m'a rajeuni.
Or donc, en ces temps reculés, la petite équipe de développement fort créative que j'avais récupérée dans mon service, avait mis au point un prototype appelé "Smart Password". L'idée très simple m'avait plu, d'emblée. Il s'agissait d'utiliser une carte à puce branchée sur le PC, et dont la mission était d'enregistrer de manière sécurisée tous les mots de passe de la vie courante : applications internes ou internet. Nous avions lancé une opération pilote auprès d'une centaine d'utilisateurs ravis : désormais, il n'y avait que le code de la carte à retenir pour déambuler d'une application à un site internet, sans avoir à se préoccuper des mots de passe à présenter. La carte les stockait de manière sécurisée. The comfort, isn'it ?
La belle histoire devait trouver une fin heureuse. Avec toute mon équipe, nous entamâmes une opération "promotion/séduction" auprès de la direction générale : une demi-douzaine de présentations de tout ce que l'équipe avait mis au point, Smart Password mais aussi les autres applications du programme GemPrivilege. Tout le monde était emballé, et, anecdote suffisamment parlante pour la signaler, toutes les démos fonctionnèrent. Aussi incroyable que cela puisse paraître pour les experts du développement :-) Le bonheur...
Bilan formidable sauf que, sauf que... dans la coulisse se préparaient les grands chambardements de l'organisation de l'entreprise. Si l'enthousiasme des grands directeurs était patent, aucun ne souhaita endosser la responsabilité (le Sponsoring) du déploiement des applications dans l'entreprise. En substance, le message était : "super boulot de ton équipe Laurent, bravo ! Mais bon, j'ai d'autres chats à fouetter" (pauvres bêtes). Penauds, nous décidâmes donc d'arrêter totalement le projet. Toute l'équipe fût répartie dans d'autres entités de l'entreprise.

Six mois plus tard, le produit était devenu tellement complexe - et par conséquent inopérant - qu'il fut abandonné.
Il alla donc rejoindre ces fameuses poubelles à projets des grandes entreprises. Elles sont pleines d'innovations étouffées dans l'oeuf...
Anne_W 02/06/2008 22:37
Jerome 26/05/2008 11:13
Renaud 24/05/2008 22:30