J'ai quitté le monde du salariat il y a 2 ans. A ce moment là, j'avais un poste, une carte de visite, une situation comme disent nos ainés. J'étais une sorte de notable du business establishment.
Quand j'ai évoqué autour de moi l'hypothèse de profiter du plan social de Gemplus, j'ai entendu des commentaires du type: "mais les boites n'embauchent plus, c'est la crise et le chômage, tu ne retrouveras pas une situation équivalente, etc, etc..."
Ensuite, lorsque que j'ai parlé de mon projet de faire du conseil en indépendant, d'autres objections sont venues: "ce que tu proposes n'est pas original, qui es-tu pour parler de stratégie d'entreprise, il n'y a pas d'opportunités dans ta région, jamais les PME-PMI n'achèteront des prestations de ce genre, tu n'as pas les diplômes qui vont bien, etc, etc..."
Bref des encouragements, des encouragements...
J'avais alors une réponse naïve en forme d'image: "C'est vrai que je n'offre rien d'original. J'ai un parcours, une expérience, des observations, des pratiques. Je pense que mon business est une boulangerie. Il en existe des quantités. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas la place pour ma boulangerie. Et j'ai la faiblesse de penser que certains feront des détours pour mes petits pains au chocolat."
Quel est le bilan après 18 mois d'activité ? J'ai réussi à me vendre (ah, le vilain mot!) à une dizaine d'entreprises de tout secteur, principalement des PME-PMI. Je n'ai pas encore gagné mon pari financier - équilibrer les comptes (je suis à 15% en dessous de mes objectifs), mais les clients me donnent un retour très positif de mes interventions, et je me fais plaisir. Je ressens avoir fait de bonnes et des moins bonnes prestations, et je crois avoir identifié les principales causes des réussites comme des insatisfactions. Bref, pas si mal pour un apprenti.
Comme dirait Edith Piaf, "non rien de rien, non je ne regrette rien". Prendre son destin en main a une saveur sans égal, même si le risque est plus grand. J'essaie d'améliorer chaque jour mes petits pains au chocolat, voire de réfléchir à développer à plusieurs les petits pains au chocolat, les muffins, et d'autres bonnes petites choses... sans l'ambition de révolutionner la planête.
Je n'ai pas eu peur (voir l'article sur "Qui m'a piqué mon fromage" publié le 12 novembre, catégorie "management"), et çà, c'est de l'or dans le moral...