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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 14:32

Dans la plupart des projets, le Chef de Projet consigne soigneusement le pourcentage d’avancement des tâches. On a donc des pourcentages mathématiques voire "scientifiques" d’avancement, parfois le fruit entremêlé de calculs savants issus de logiciels fort complexes, parfois ludiques. L’avancement est mesuré au pourcent près. Ces résultats sont présentés en comité de pilotage et en réunion projet : tout le monde s'incline devant la précision du chiffre. Franchement, ça me fait sourire, cette présentation me parait incongrue. Avez-vous d'ailleurs remarqué que plus on s'approche de l'échéance, plus le granulé d'avancement devient précis ? Dans le projet, on parle rapidement de 30, 50, 70% d'avancement. Puis, quand on dépasse les 80% apparaissent les 85, 91, 93 puis les 97,5% !!!

 

J'ai fait cette erreur lors du premier projet que j'ai dirigé : je consignais les pourcentages d'avancement des tâches chaque semaine avec l'équipe. Je ne pilotais pas, je relevais des compteurs. Ces compteurs ne voulaient rien dire.

 



 

Que veut dire 58% d'avancement ? Pourquoi pas 56 ou 59 ou 54,22 ? L'avancement d'une tâche est-elle mathématique ? Si j'écris un programme informatique, dois-je compter l'avancement en faisant un rapport entre le nombre de lignes écrites et le nombre de lignes que je pense nécessaires pour finir le programme ? Si je construis un immeuble de 4 étages, est-on à 50% quand on a édifié 2 étages ? Si j'organise un colloque, quand suis-je avancé à 58% dans ma préparation ?

 

 

Peut-être existe-t-il des théories pour contredire mes propos, cependant… Cependant, diriger un projet est avant tout une histoire humaine, ou la dimension risques est permanente.

 

De mon point de vue, le pourcentage d'avancement est une indication, jamais une absolue vérité. Plutôt que demander : "quel est l'avancement de la tâche ?", il vaut mieux demander :

1 - qu'est-ce qui est concrètement réalisé ?
2 - que reste-t-il à faire ?
3 - quand penses-tu avoir terminé ?
4 - quels sont les obstacles susceptibles de t'empêcher de finir à cette date ?

On peut définir en début de projet un code simple d'avancement 20%, 40%, 60%, 80%, 100% qui correspond à des livrables clairement définis au début du projet, par exemple :

 

Estimation 20% = la tâche est engagée

Estimation 40% = moins de la moitié est réalisée

Estimation 60% = plus de la moitié est réalisée

Estimation 80% = la tâche est presque achevée

Estimation 100% = la tâche est terminée

 

Dans la plupart des projets, un indicateur coloré par tâche suffit largement :

 

Vert ==> cette tâche ne pose aucun problème, elle sera finie dans les temps et le budget prévus.

Orange ==> cette tâche pose soucis, le responsable de la tâche pense pouvoir s'en sortir.

Rouge ==> cette tâche pose problèmes, le responsable de la tâche a besoin d'aide, d'arbitrage, d'implication du management.

 

Pour moi, l'erreur de débutant consiste à croire en les pourcentages d'avancement des tâches des plannings projet. Ces pourcentages masquent le vrai statut, noient le poisson. Du coup, on parle détail en réunion projet ou en comité de pilotage au lieu d'aborder l'essentiel. Tout ceci n'arrive d'ailleurs pas, si le projet s'est construit sur un robuste planning, construit comme l'engagement réciproque des interdépendances de chaque membre de l'équipe.


Sincèrement 58%, vous y croyez vous ?


Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs “le conseil que je donnerais au chef de projet que j’étais” organisé par le blog Any Ideas pour les chefs de projets malins. Si vous avez aimé cet article et souhaitez voir les autres articles de cet événement, je vous remercie de cliquer sur ce lien : j’ai aimé cet article !

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commentaires

D
Pour un projet sans deadline et sans contenu strict en terme de fonctionnalités, vous avez peut être raison. Sauf qu'en réalité un projet se fait sous contraintes de délai. Si la date de livraison en tant que paramètre calendaire répond à une logique mathématique, le projet est obligé de s'y conformer (un calendrier est un ensemble fini de dates). Et il y a des logiciels qui proposent des mécanismes d'ajustement pour intégrer avancement, retard, avance...Si le Délai est une contrainte forte, on livrera 7 fonctionnalités au lieu de 10 car un retard a été décelé mathématiquement. Dans le cas contraire on négociera la date de livraison pour garantir les 10 fonctionnalités. Mais si vous ne mesurez pas mathématiquement ce retard, comment voulez-vous prendre des orientations ???
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L
Bonjour,<br /> un projet sans "deadline" (quoi que je n'emploie jamais cette expression - le mot "dead" ne me plait pas beaucoup pour un projet qui doit plutôt "naitre"), un projet sans date de naissance n'est pas un projet. On est toujours sous la contrainte du temps dans un projet.<br /> <br /> "7 fonctionnalités sur 10" veut rarement dire qu'on est avancé à 70%. En cela, les pourcentages ont rarement de sens, surtout que le "débogage"' est souvent très consommateur de temps.<br /> <br /> Le risque est d'accorder trop d'importance au pourcentage alors qu'il n'est qu'une indication partielle d'une réalité de... ce qu'il reste à faire. Je ne crois pas à la "mathématique" en matière de management (pourtant je suis ingénieur et mon père enseignait les maths :-))<br /> Merci de la contribution,<br /> <br /> Laurent
P
<br /> Pas faux !<br />
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M
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> J'adhère à l'ensemble de vos remarques sur la question des pourcentages d'avancement et à votre conclusion sur leur rôle d'indicateurs ou d'alertes dans la gestion de projets.<br /> <br /> <br /> Je me permettrais d'ajouter que le flou qui participe à la définition ou la mesure de ces indicateurs repose souvent de mon point de vue, sur une projection très imprécise du chemin restant à<br /> parcourir.<br /> <br /> <br /> Ainsi en gestion de projets, j'ai toujours tenu à conduire des entretiens visant à lever toutes les zones d'incertitude dans les différents scénarii de façon à pouvoir :<br /> <br /> <br /> soit définir des tâches connues avec des temps de réalisation fiables et un taux d'imprévus maitrisé ;<br /> <br /> soit faire émerger un questionnement et donc engager les acteurs à rechercher les réponses pour parvenir à la situation du point précédent.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne continuation.<br />
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Depuis 2004, je partage des expériences, anecdotes, outils de management : optimiser son temps, manager son équipe, manager son chef, diriger un projet, travailler en intelligence collective. Je propose une démarche inspirée de la vie professionnelle et de la vie au sens large. J'espère que vous y trouvez de l'inspiration pour devenir le manager que vous rêvez d'avoir. Bonnes lectures...

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